Bravo la France ! (Le Québec dort-il…?)




Au Québec, on aime bien ça chialer contre la France. On trouve donc les Français(es) louds, voire condescendants. Qu’ils sont ignares de la réalité franco-canadienne. Qu’ils s’imaginent des traîneaux à chiens dans les rues et des tipis et des igloos un peu partout. Et ils n’en manquent pas une pour parler de notre accent…

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Et jusqu’à tout récemment, on avait rien à leur envier en ce qui touche à leur façon de traiter les gros(ses). Les dodu(e)s français(e)s ne l’ont pas eu facile jusqu’à maintenant. C’est loin d’être rose au pays du camembert pour mes consoeurs taille plus… !


L’influence du Sud…

Au Québec, et au Canada en général, on “bénéficie” de la présence de nos voisins du sud. (Pas pour tout quand même, mais au moins pour ça !) Les États-Unis, trend setter mondial, comptent une population importante de femmes taille plus. 67% des femmes états-uniennes portent au moins une taille 16-18. (Et le Canada ne doit pas être si loin derrière en matière de pourcentage…)

Par notre proximité avec les États-Unis, on bénéficie donc d’un peu plus de choix dans la mode taille plus. On profite aussi du fait que le militantisme pour le fat acceptance existe là-bas depuis un bail. Le premier fat-in s’est tenu en 1967 à Central Park, dans la ville de New York. L’association américaine NAAFA (National Association to Advance Fat Acceptance) existe depuis 1969. Les États-Unis sont le berceau de mouvement de la fat liberation.

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Jusqu’à tout récemment, le Québec bénéficiait donc d’une position relativement enviable par rapport à ses cousins français, comme l’influence américaine a ses échos jusque chez nous. (Ne vous méprenez pas :  on en est encore aux balbutiements de la fat tolerance… Le fat acceptance, ce n’est pas pour demain, peu importe où on est en Amérique du Nord.)


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Gabrielle Deydier
« On ne naît pas grosse » : une bombe signée Gabrielle Deydier

Vous connaissez le livre “On ne naît pas grosse”, brûlot lancé l’été dernier aux Éditions Goutte d’Or ? Avec ce bouquin, la Française Gabrielle Deydier a lancé le débat sur la grossophobie chez nos cousins préférés. Depuis, on la voit partout. De Paris à New York, toutes les tribunes veulent un bout de Gabrielle… Même la radio et la presse québécoises lui ont parlé !

Gabrielle Deydier est géniale. Super brillante. Et gentille en plus ! Et elle a tellement bien réussi à brosser un portrait de la grossophobie en France que, depuis le lancement de son livre, elle est PARTOUT ! Même chez nous !

On a plus souvent l’habitude d’exporter vers la France (Céline, Roch Voisine, Garou, et j’en passe) que l’inverse… #MomentLégerDuBillet

Et donc voilà que nos cousins français, ceux qu’on aime tant taquiner parce qu’ils sont chialeux, obstineux, grandes gueules, eh bien… Regardez-les avoir un VRAI DÉBAT sur la grossophobie ! Des reportages aux nouvelles aux discussions dans les talk-shows. On fait même des tribunes à la radio. Paris a même une semaine de lutte aux discriminations (qui inclut la grossophobie) ! (L’événement se tient la semaine prochaine, du 8 au 16 décembre 2017.)

Le débat est désormais bien lancé, en France. La discrimination basée sur la taille et le poids est devenu un sujet brûlant d’actualité. Et ça se propage partout en Europe : Belgique, Suisse, Royaume-Uni… Autant de pays qui ont accouru pour interviewer Gabrielle. Elle est de toutes les tribunes pour parler grossophobie et défendre la cause des personnes discriminées à cause de leur silhouette.

Le débat est tellement présent qu’un de mes tweets s’est retrouvé dans un bulletin de nouvelles… EN SUISSE !

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Bien sûr, il reste encore beaucoup de réticence et de préjugés. Souvent, les arguments volent bas dans les débats… Mais c’est quand même mieux que rien. Au moins là-bas, on en parle ! Le sujet est hot !


La France appelle le Québec…

Le débat sur la grossophobie ne semble pas encore exister au Québec. Et quand les médias de chez nous en ont parlé un peu, ils l’ont fait… avec Gabrielle, une Française ! Personne (ou presque) ne prend le pouls… des Québécois(e)s !

Nouvelle de dernière heure : il y a des gens au Québec qui vivent avec les conséquences de la grossophobie ! Et il y a aussi du monde qui luttent et dénoncent activement cette discrimination basée sur la taille et le poids. Des Gabrielle Lisa Collard (Dix Octobre), des Emily Roy (Montreal + Fashion Week, Entre Montréal et New York), des Julie Artacho, mais aussi des Mickaël Bergeron… (Parce que la grossophobie, ça ne touche pas que les femmes.)

Pourquoi on ne les a pas interviewés plus souvent ? Parce que des blogueur(euse)s intelligent(e)s et des expert(e)s en la matière articulé(e)s, bien au fait de ce qui se passe et se vit ICI… Eh bien, on en a ICI ! Quelle mauvaise foi de la part des médias, vous ne trouvez pas ?

Je me propose, s’il le faut !
(Voyez-vous, je me découvre une fibre militante depuis que Sophie Durocher a décidé de faire des gros les victimes de ses attaques cheap).


Bravo la France !

J’envie ce qui s’y passe ! J’envie la France d’être passée de la queue de la course à ce qui ressemble pas mal à la tête du peloton ! Il est encore beaucoup trop tôt pour se prononcer sur qui “triomphera”. On ne fait qu’effleurer le fat tolerance pour l’instant, comme je le mentionnais plus tôt. Mais il n’en demeure pas moins que la France est en train de faire une fabuleuse remontée. Au niveau social du moins, parce que pour les vêtements, c’est vraiment pas l’Eldorado à ce qu’il paraît…


On n’est pas mieux que les autres…

Je dirais qu’on est dans le peloton central de l’Occident, en matière de diversité corporelle. Ça ne signifie pas qu’il n’y a pas de discrimination. Ça veut surtout dire qu’on discrimine autant ici qu’ailleurs. Ça veut juste dire qu’on n’est pas mieux que les autres.

Ce n’est pas parce que Safia Nolin remporte des trophées à l’ADISQ que c’est gagné. Debbie Lynch White fait de la télé et est populaire ? Ça ne veut pas dire qu’on a gagné la bataille. Les personnalités publiques qui engraissent/maigrissent font encore les manchettes : Katherine Levac, Debbie Lynch White, Gaétan Barrette, Julie Snyder, Phil Roy, Sonia Benezra… pour ne nommer que ceux-là.


Bon ben… on fait quoi d’abord ?

On change le ton ! Et on force le débat, tiens ! On écrit, on tweete à nos émissions et personnalités favorites ! On rapporte et identifie les propos grossophobes, directs ou indirects. Collectivement, on essaie de ne pas utiliser de langage qui contribue à “diaboliser” ou “avilir” le fait d’être gros. (C’est plus difficile qu’on ne le croit !)

Exemple de choses à éviter…

Commencez chez vous ! Ça tombe bien, le temps des fêtes arrive. Je ne crois pas avoir besoin de vous dire que de commenter sur le poids des gens (ou leur assiette), ce n’est pas l’idée du siècle. Je vous invite à aller plus loin : n’hésitez pas à réagir lorsque d’autres le font ! À vous de voir si vous optez pour une approche plus douce ou revendicatrice, selon les personnes impliquées…

“Ah, t’as maigri, t’es ben belle !”
“Et si elle est/était malade et que c’est pour ça qu’elle a maigri !?”

Dans tous les cas, l’idée est de soulager – si besoin est – la personne qui reçoit le commentaire. Il faut aussi faire comprendre à l’émetteur(trice) du commentaire que, bien que celui-ci se veuille probablement flatteur, il peut faire beaucoup plus de mal que de bien, en fait. Et pas seulement à la personne à qui c’est adressé, mais aussi aux personnes autour… (Article intéressant de Ton Petit Look sur le sujet par ici…)

Avez-vous une idée de ce que vous voulez faire, de comment vous voulez réagir ? Avez-vous peur de le faire (C’est compréhensible, remarquez…) ? Qu’est-ce qui vous effraie ?


La suite des choses…

Petite primeur : je prévois un billet sur “On ne naît pas grosse” de Gabrielle Deydier, au retour des fêtes. (Parce que je n’aurai jamais le temps de lire un livre avant de tomber en vacances, haha !)




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