Une histoire qui finit bien. #LesLicornesExistent




Militer contre la grossophobie, ce n’est pas de tout repos. (Je ne vous apprends rien.)

Rien de nouveau non plus si je vous dis que des fois, le domaine de l’humour peut traîner de la patte sur les questions d’acceptation des grosses personnes.

Mais y’a des fois où ça se passe bien. Où il se passe des belles choses.

Laissez-moi vous parler d’hier matin…


Mais avant… retour en arrière au printemps dernier…

Après avoir vu une vidéo d’un sketch qui m’apparaissait clairement grossophobie, j’entre en discussion, d’abord en commentaires publics, puis en message privé, avec la jeune humoriste qui a écrit et présenté le numéro.

Il s’en est dit des affaires dans cette conversation.

« Mais, comme tu le sais, l’opinion d’une personne en surplus de poids ce n’est pas l’opinion de tous les gens en surplus de poids. »

« Ma blague se veut très ironique. Je comprends que ce n’est pas comme ça que vous l’avez reçue, ça fera partie de mes prochaines réflexions. Mais je crois que pour avoir une vraie conversation et un véritable échange humain, c’est important de se montrer ouvert aux différents points de vues.
Une ouverture que je ne trouve pas dans tes commentaires.
Je comprends aussi que tu n’aimes pas mon genre d’humour. Je fais dans le grinçant. Mais un artiste n’a pas à faire l’unanimité. Peut-être que pour toi, le deuxième sens n’était pas évident pas pour les gens qui me suivent, le deuxième sens est sans équivoque. »

Le ton est quand même resté poli, mais ç’a fini avec 2 messages de ma part, en réaction à mon interlocutrice qui se disait désolée que j’aie été « heurtée »:

« Je suis pas heurtée. Je trouve ca juste poche qu’une jeune femme en 2019 trouve que c’est la meilleure chose à sortir en stand-up. Fait longtemps que je suis pu heurtée.
Tu peux pas être en état constant de « heurt » quand ton corps est un objet de discussion public, quand rien n’est adapté à toi depuis que t’as 20 ans, et que peu importe ce que tu fais, y’a tjrs le prisme de ta grosseur qui module ta vie dès que tu sors de chez vous.
Si tu es heurtée perpétuellement, tu survis juste pas. »

Et puis, silence radio. Je pense qu’on avait fait le tour. (Sans doute qu’elle aussi.)


Hier matin au réveil… message privé sur Instagram.

C’est l’humoriste en question…

« Bonjour Edith !
Un petit message pour te dire que j’ai fais mes devoirs dans les derniers mois
J’ai lu énormément, je me suis abonnée à plusieurs pages Instagram à propos de la grossophobie (notamment dix octobre que tu m’as conseillée, merci pour la découverte!)

Et sincèrement, je te comprends d’avoir tilté à mon gag.

Je pense que j’ai mal fait mon travail d’humoriste dans cette minute.
Normalement, ce gag venait après un bit ou je disais avoir des comportements problématiques, et normalement ce qui le précède, c’est la phrase « c’est moi le problème, la preuve… », etc., etc.

Je pense que le second degré, comme j’ai tenté de le faire, à sa place mais seulement s’il est encadré de façon assez intelligente.
Ce que je n’ai pas fait
[...]. Tu avais entièrement raison.
Ce n’est plus un gag que je fais désormais, même avec une mise en contexte. »


UNE LICORNE !

(Je tiens à préciser que je tiens profondément à l’existence métaphysique des licornes, OK ! On en a besoin. Ne serait-ce que symboliquement !)

Une licorne dans le sens qu’elle est rare. Assez pour qu’on doute qu’elle existe. Mais que si on tombe dessus, on ne peut pas faire autrement que d’avoir envie d’y croire. Et moi, je pense que je viens de tomber sur une de ces créatures mystiques…

Pour mes moments militants, ça (me) prend ça. Tant pis pour les sceptiques. Ça réconforte. Ça fait chaud en dedans. Parce que c’est pour ça qu’on milite, dans le fond. Pour confirmer et conforter les convaincu(e)s. Et convertir les sceptiques.

Hier matin, avant mon déjeuner, avant mon premier café, il faisait encore plus chaud dans mon coeur que dehors dans la canicule. ♥


On a fini par échanger une bonne partie de la journée sur Instagram, finalement. Un échange vraiment hot. Extra ouverture et bonne volonté. Super sympathique. #Yé

J’ai souvent questionné ma poursuite du militantisme sur la grossophobie. Parce que ça peut être VRAIMENT drainant psychologiquement. Qu’on doit défaire ce que de nombreux médias de masse publient contre nous.

C’est une sale job de se faire écoeurer et de presque aller en redemander.  (Moi la première, je me demande régulièrement comment je fais.)

Parce que juste être une grosse personne out there, qui résiste, c’est déjà beaucoup.


Note : J’ai décidé volontairement de ne pas dévoiler de qui il s’agit. Pour plusieurs raisons. D’abord, parce que la personne a accepté que je parle de notre échange. (Pour moi, ça montre de la bonne foi.) Mais aussi parce que je crois en la « rédemption ». J’ai toutes les raisons de croire qu’elle a réalisé ce qui était problématique dans son numéro. (Allô. Elle a lu – et aimé – Dix Octobre !) Qu’elle a visiblement « fait ses devoirs » (pour reprendre ses mots). Qu’elle s’est informée et qu’elle comprend désormais ce qui peut être grossophobe. Même si on n’en a pas l’intention. Même si nos ami(e)s gros(ses) nous ont dit que c’est correct.

Note 2 : Les extraits retirés – identifiés par des […] – l’ont été pour la simple raison que ça aurait pu vendre la mèche sur qui était la personne. J’ai expliqué pourquoi je ne voulais pas faire ça dans la note précédente. L’absence de ces parties de notre échange ne change en rien le sens et l’intention du message.

Note 3 : Non, ce n’est pas Mariana Mazza. (Hahahahaha!)




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